Différence entre confiance en soi et estime de soi
10/9/20253 min read


Estime de soi et confiance en soi : une confusion fréquente
Dans le langage courant, il est fréquent d’entendre des phrases comme :
« Je n’ai pas confiance en moi, je n’ose jamais prendre la parole. »
ou
« Mon enfant manque d’estime de lui, il ne se sent bon à rien. »
Pourtant, l’estime de soi et la confiance en soi sont deux concepts distincts, qui n’impliquent ni les mêmes mécanismes, ni les mêmes leviers de changement. Comprendre cette différence est fondamental pour mieux accompagner les enfants, les jeunes, ou les adultes vers un mieux-être durable.
Estime de soi : ce que je ressens de moi
L’estime de soi est définie comme le jugement global que l’on porte sur sa propre valeur en tant que personne (Rosenberg, 1965).
C’est une évaluation affective et identitaire, qui touche à ce que je suis :
Suis-je digne d’être aimé ?
Ai-je de la valeur en tant qu’être humain ?
Est-ce que je me respecte ?
Elle est relativement stable, construite dans l’enfance et influencée par :
le regard des figures d’attachement,
les expériences de réussite ou d’échec,
le sentiment d’être respecté et reconnu.
Exemple :
Un élève peut être excellent en maths (donc avoir confiance en ses compétences), mais penser qu’il ne vaut rien comme personne parce qu’il est harcelé ou rejeté → estime de soi fragile malgré des compétences réelles.
Confiance en soi : ce que je pense pouvoir faire
La confiance en soi, quant à elle, correspond à la croyance en sa capacité à accomplir une tâche ou à faire face à une situation spécifique (Bandura, 1997).
C’est donc une compétence cognitive et contextuelle, liée à des domaines précis :
Je peux avoir confiance en moi pour prendre la parole en public,
Mais très peu pour m’orienter dans une ville inconnue,
Ou pour gérer un conflit.
Elle est variable selon les contextes, et peut se développer par la pratique, la préparation, l’expérimentation et l’encouragement.
Exemple : Une personne n’ose pas prendre la voiture pour aller dans une grande ville inconnue, elle a peur de se perdre et de mal gérer la circulation. Cette personne a une faible confiance en elle dans cette situation précise, même si elle se sent capable et compétente dans d’autres domaines.
Pourquoi cette distinction est importante?
Confondre confiance et estime de soi peut conduire à :
Chercher à “booster la confiance” alors que la personne se sent indigne ou illégitime : cela ne fonctionne pas.
Penser qu’on a une “bonne estime” parce qu’on a confiance dans un domaine (ex. : performance professionnelle), alors qu’on se sent intérieurement vide ou honteux.
De plus, l’estime de soi influence la confiance en soi, mais l’inverse n’est pas automatique. Une estime de soi solide facilite l’exploration, l’erreur, le recul. Une confiance en soi bien travaillée dans différents domaines peut contribuer à consolider l’estime, mais ne la remplace pas.
Qu'en dit la science ?
Morris Rosenberg a conceptualisé l’estime de soi comme un jugement de valeur global, lié à la construction identitaire (Rosenberg, 1965).
Albert Bandura, à travers sa théorie de l’auto-efficacité, définit la confiance comme le sentiment d’efficacité personnelle, fondée sur l’expérience directe, la persuasion sociale, ou la gestion émotionnelle (Bandura, 1997).
Des travaux récents montrent que l’estime de soi prédictive de la santé mentale à long terme est celle qui est stable, réaliste et ancrée dans une acceptation de soi (Mruk, 2006).
En résumé


Pour aller plus loin :
Travailler la confiance passe par l’action, l’expérimentation, le droit à l’erreur.
Travailler l’estime passe par l’écoute, la valorisation inconditionnelle, la reconnaissance.
Les deux s’entretiennent et se nourrissent mutuellement, mais ne se confondent pas.
Références bibliographiques
Bandura, A. (1997). Self-efficacy: The exercise of control. W.H. Freeman.
Mruk, C. J. (2006). Self-esteem research, theory, and practice: Toward a positive psychology of self-esteem. Springer Publishing Company.
Rosenberg, M. (1965). Society and the adolescent self-image. Princeton University Press.
Harter, S. (2012). The Construction of the Self: Developmental and Sociocultural Foundations (2nd ed.). Guilford Press.
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